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Gagner la bataille de la démocratie et du développement - Redonner espoir à la jeunesse

Un vaillant serviteur du peuple martiniquais s'en est allé !

Mercredi, 16 août, 2017 - 14:30

C'est avec une très grande tristesse que j'ai appris le décès d'Arthur REGIS qui était de ceux qu'il m’est permis d'appeler "mes vieux camarades de combat".

permis d'appeler "mes vieux camarades de combat".
Nous avons fait connaissance au début des années 70. Il avait apprécié mes premiers pas en politique (notamment mes combats au Marigot) et s'était montré favorable à l'idée d'une fusion entre le Parti Socialiste Martiniquais - dont j'étais le secrétaire général - et le Parti Progressiste Martiniquais.  Après cette fusion, en 1978, nous avons développé des liens de camaraderie puis d'amitié dans le cadre d'une activité militante, à l'époque particulièrement intense.
En janvier 1980, j'ai été surpris, comme beaucoup, par sa brusque démission du poste de conseiller général du 4ème canton de Fort-de-France qu'il occupait depuis 1970. Il avait voulu ainsi protester contre le peu de pouvoir dont disposait le Conseil général de l'époque pour peser sur les politiques publiques mises en œuvre localement. Aurait-il pris une telle décision s'il avait pu prévoir que deux ans plus tard la gauche arriverait au pouvoir en France et mettrait en application son grand projet de Décentralisation?. On ne le saura jamais. En tout cas, c'est à la suite de cette démission - que ne devait jamais lui pardonner celui qui était alors le Secrétaire général du PPM - que j'ai été sollicité par Aimé Césaire et désigné comme candidat aux élections de mars 1980. Arthur REGIS, loin de se désintéresser de ma candidature, m'a apporté son soutien au cours d'une campagne où la droite fit le maximum pour enlever au PPM un canton qui correspondait à l'addition des futurs 1er et 10ème cantons.
Cet épisode de la vie politique porte un éclairage révélateur sur la personnalité d'Arthur REGIS. C'était un homme de conviction qui ne transigeait pas avec ce qu'il considérait être de son devoir. La politique, pour lui, n'était pas un instrument de promotion personnelle, c'était un engagement permanent au service du peuple - le Peuple Martiniquais - et d'une cause - la Responsabilité Martiniquaise à conquérir.
On peut ne pas partager les positions qu’il a prises à tel ou tel moment de son parcours politique, mais on ne peut en aucune façon douter de la sincérité de ses convictions et de la noblesse de ses motivations.
Personne, selon moi, n’a le droit de dire qu’il s’est éloigné de la pensée d’Aimé Césaire. Ce dernier lui a d’ailleurs toujours conservé son amitié. Arthur REGIS a certes émis des réserves sur le moratoire “décrété” par le Leader du PPM en 1981, mais tout comme l’ont fait d’autres responsables du PPM au premier rang desquels figurait le Dr Aliker. S’il a démissionné de son parti en 1990 c’est à cause de la mise à l’écart dont il a été victime, malgré ses remarquables états de service de responsable, d’élu et de directeur du Progressiste. Cela a évidemment été pour lui, qui comptait parmi les membres fondateurs du PPM en 1958, un moment particulièrement difficile.
C’est, je peux dire, tout naturellement qu’Arthur REGIS a par la suite participé à la création du Rassemblement Démocratique pour la Martinique en mai 2006. Il en est devenu l’un des responsables, membre du Conseil politique pendant plusieurs années. Il a trouvé dans ce parti, qui porte haut l’exigence démocratique, la possibilité de concilier discipline et liberté de penser et de parole.
En 2009, il a activement milité pour l’évolution institutionnelle dans le cadre de l’article 74 de la Constitution.
Dès 2014 il a pris position pour une alliance entre le RDM et le regroupement des patriotes autour d’Alfred Marie-Jeanne. Il a donc soutenu la constitution de la liste “Gran Sanblé Pour Faire Réussir la Martinique”. Il a ensuite approuvé l’alliance plus large du “Gran Sanblé Pou Ba Péyi a an Chans” qui a permis la victoire de décembre 2015.
La maladie l’a malheureusement ensuite éloigné du militantisme actif, mais je sais que jusqu’au bout il est demeuré attentif à la vie de son parti et aux problèmes de notre Martinique.
Il laisse le souvenir d’un homme politique qui n’a jamais trahi ses idéaux et qui a servi le Peuple Martiniquais avec un dévouement sans faille.
C’était, par ailleurs, un homme politique qui faisait toujours preuve d’une grande simplicité et d’une grande réserve sauf lorsqu’il s’agissait de défendre ses convictions ce qu’il savait faire avec un verbe cinglant et une plume acérée.
Il fait incontestablement partie des vaillants serviteurs  du Peuple Martiniquais.
J’associe l’ensemble des responsables, des élus et des membres du RDM, aux sincères condoléances que j’adresse à ses enfants et à tous les membres de sa famille.
 
Claude LISE
Secrétaire général du RDM
Président de l’Assemblée de Martinique